Tu voulais me voir ?

Voila déjà des jours que Jennifer s'acharnait à éviter Angel coute que coute sans lui fournir de véritables raisons pour expliquer son comportement. Il y avait une part de honte en elle de coucher avec un psychopathe comme elle se plaisait tant à l'appeler, voulant cacher cette relation aux yeux de tous et surtout de son intello d'amie Naomi de peur qu'elle ai une mauvaise opinion d'elle ou même pire qu'elle la prenne tout bonnement pour une trainée de coucher pour le plaisir et sans amour, enfin sans le moindre sentiments cela restait encore à prouver car cette fuite ne cachait-elle pas autre chose ? Non c'était inconcevable pour elle, elle rejetait clairement cette hypothèse. Mais comment expliquer que Jennifer Kristen Laura Hannigan, fille de star du cinéma, posant dans des magazines comme mannequin, tournant dans des publicités, participant à des avants premières et tout ce qui avec qu'elle semblait tant haïr, adulée aussi bien des filles comme des beaux garçons qu'elle avait à ses pieds sans bouger le petit doigt alors qu'elle n'était pourtant pas superficielle, comment expliquer qu'elle désirait toujours autant Angel ? Mais plutôt se jeter du haut d'un pont que dans ses bras puisqu'il semblait tant désirer officialiser leur relation alors qu'elle non, qu'il lui demande cela lui avait paru étrangement bizarre mais elle n'avait pas cherchée à comprendre malgré que l'argument "intéressante" qu'il avait pour expliquer son envie d'officialiser la laissait perplexe.

Jenny avait passer des heures accrochée au téléphone avec Angel, refusant catégoriquement de le voir alors qu'il ne cessait d'insister. Il lui semblait toujours si bizarre mais à croire que ça c'était normal chez lui. Après des heures à discuter, Jenny lui raccrochant souvent au nez alors que lui ne cessait de la harceler jusqu'à ce qu'elle finisse par lui céder, exaspérée d'un tel comportement. Puisqu'il désirait tant la voir, allez savoir pourquoi, elle irait le voir mais ce serait sûrement la dernière fois...ou pas. Tout du moins elle avait choisi leur lieu de rencontre : le lac. Elle aurait pu opter pour le bar l'histoire de se mettre à boire quelques verres d'alcool avant qu'il n'arrive mais pas question de s'exposer avec lui dans un endroit publique. Soupirant d'avance de devoir subir un face à face surtout en sachant qu'à chaque fois ils finissaient dans un lit, Jennifer se prépara rapidement avant de sortir de chez elle en douce pour ne pas avoir à dire à ses parents où elle allait et pour surtout éviter qu'ils la séquestre dans sa chambre de peur qu'elle aille retrouver un garçon, chose qu'elle allait justement faire en plus mais pas pour les raisons qu'ils pourraient bien s'imaginer. Fermant lentement la porte d'entrée derrière elle, elle grimpa dans sa décapotable - merci papa/maman - direction le lac en pleine nuit.

Bien heureusement il n'y avait aucun bouchon sur la circulation à cette heure ci car il faut bien avouer que la belle blonde n'avait pas une très grande patience surtout en voiture. Conduisant à une vitesse folle, elle arriva bien vite à destination, se garant dans une allée assez éloignée du lac, finissant ainsi le chemin à pied les mains dans les poches de sa veste. Autant dire qu'elle prenait son temps, inutile de lui demander de se presser et vu à la vitesse à laquelle elle avait embarquée sa voiture, elle ne risquait pas d'être en retard. Et en effet Jennifer fut la première arrivée et ce n'était peut être pas plus mal ainsi. Se dirigeant vers le lac, elle alla s'assoir sur l'herbe, au bord de l'eau en regardant son reflet dans celle ci, attendant l'arrivée d'Angel. La jeune femme était perdue dans ses pensées qui se résumait surtout à "Mais où peut bien être passé Valentine ?" Sa meilleure amie n'ayant plus montrée le bout de son nez depuis plus d'une semaine et demi mais ce qui lui occupait surtout l'esprit était ce que lui voulait Angel. Lui parler ? Pas vraiment son genre, une folle nuit d'amour ? Si il osait lui demander ça c'était la gifle assurée ou alors simplement la voir ? Jennifer ne tarderait sûrement pas à avoir sa réponse...

Elle en avait mis du temps, avant de craquer ! Il ne savait pas combien de crédit elle lui avait fait utiliser, à la harceler au téléphone pour qu'elle accepte ne serait-ce que de dire plus de trois mots avant de lui raccrocher au nez - en plus avec son téléphone de l'âge de pierre, pas moyen d'avoir l'illimité ... Ou peut-être que si ? De toutes façons il n'y connaissait rien en téléphonie, et puis tant pis finalement, comme ça il pouvait toujours lui faire du chantage émotionnel en lui brandissant sa facture de six pieds de long sous le nez ... Mais bref.

Il ne savait pas ce qu'il lui avait fait pour qu'elle le fuit à ce point là. Bon, d'accord, c'était un goujat et il n'avait sans doute pas été particulièrement délicat la dernière fois qu'ils s'étaient vu, mais tout ça ne changeait pas de d'habitude. Alors quoi ? Peut-être qu'il commençait à l'agacer, peut-être qu'elle se lassait ... Pourtant le courant passait toujours aussi bien. C'était sûrement à cause de cette stupide histoire d'officialisation. Non mais franchement, pourquoi fallait-il qu'elle en fasse tout un plat ? Ce n'était pas comme s'il la demandait en mariage, voulait la mettre enceinte ou lui réclamait trois millions de livres ! (Eeeh, pas bête comme idée, s'il lui faisait du chantage pour accepter de garder le secret ?) Non, plus sérieusement (même s'il en aurait sûrement été capable avec quelqu'un d'autre), il ne lui demandait même pas de s'afficher en public avec lui. Ce n'était que pour le sexe, il le savait, elle le savait, tout le monde le savait. En quoi le fait que les gens sachent qu'ils couchaient ensemble pouvait la déranger ? Ce n'était pas comme si elle avait une réputation de Miss Chasteté à préserver ! - ou peut-être que si, mais ça Angel préférait ne pas le concevoir.

Lui aurait voulu le crier sous tous les toits, qu'il se tapait la belle, la riche, la célèbre Jennifer K. L. Hannigan. Il s'en fichait pas mal de sa réputation (la mention "Emmerdeur Public N°1" était depuis longtemps gravée sur son front), mais quand même, il aurait voulu qu'on sache qu'il avait laissé sa marque sur cette jeune fille aussi parfaite, que tous les hommes qui pourraient porter les yeux sur elle le sachent et s'en souviennent. Il ignorait si elle voyait d'autres garçons que lui, mais ne le croyait pas. En fait, chose idiote s'il en est, il se sentait des pulsions de jalousie et de possessivité par rapport à elle qu'il n'avait pas avec ses autres liaisons. Bien sûr, c'était uniquement parce qu'elle était un très bon coup doublé d'une agréable compagne. Rien d'autre. Bien sûr.

N'empêche, il lui en voulait vraiment de se refuser ainsi à lui alors que tout marchait pourtant si bien entre eux. Il s'en souvenait : au départ tout avait été tellement plus simple ... Ils avaient envie de l'autre au même moment ou s'adaptaient à merveille, et il y avait une parfaite alchimie entre eux, tant au niveau sexuel que relationnel. Dés le départ les silences à ses côtés n'avaient pas parus tendus, mais bel et bien paisibles et presque tendres. Il avait même fini par réussir à l'apprivoiser un peu, enfin à la décoincer, et il leur arrivait de délirer sans complexes, ce qu'il n'aurait jamais imaginé pouvoir faire avec la tant adulée Miss Hannigan. Mais dernièrement, ils s'engueulaient plus qu'autre chose, toujours par rapport à ce maudit secret. Elle avait donc tellement honte de lui ? Ça le rendait malade. Simple question d'égo, bien sûr. Bien sûr.

Enfin, heureusement elle avait fini par céder, et ils allaient pouvoir s'expliquer. Même s'il ne l'avait pas appelée uniquement pour ça ... En fait, il ne savait pas pourquoi il l'avait appelée exactement. Juste envie de la voir, même si ce n'était pas pour coucher, même si c'était pour encore s'engueuler ... Juste envie de la voir. Son égo, toujours, bien sûr ... Même s'il aurait pu ravaler cent fois son égo pourtant disproportionné rien que pour pouvoir enfouir un instant son nez dans ses cheveux. Mais ça on ne le dit pas, on ne le pense pas. Cette envie déraisonnable, c'est juste la frustration, hein ?

Il avait préféré venir au parc à pieds. D'abord il n'avait pas de voiture, et ensuite il lui fallait se calmer un peu car la nouvelle qu'elle avait enfin cédé et acceptait de le revoir l'avait mis dans tout ses états. Manque purement physique, bien sûr. Quand il arriva, à peu près à l'heure, la tenue savamment débraillée et la clope au bec, il la vit accroupie de dos devant le lac, ses longs cheveux - pathos sans originalité mais pourtant si vrai en cet instant - formant comme une auréole sur son front penché vers l'eau. C'était con, elle avait presque l'air d'une nymphe. Poésie. Angel n'était pas poétique. Mais l'espace d'un moment il se sentit infiniment heureux. Il finit cependant par se reprendre, ricana un coup en jetant sa cigarette dans l'herbe fraîche et s'approcha sans bruit. Quand il fut derrière Jennifer il l'attrapa doucement par la taille en passant nouer ses bras devant son ventre, et en glissant sa tête par dessus son épaule pour coller sa joue à la sienne, il murmura mielleusement :

« Coucou, ma blonde ! »
Ah, oui, Angel était vraiment un pauvre abruti sans délicatesse. Mais c'était sa manière d'être tendre ...

Jennifer était resté un long moment à contempler l'eau, pensant par moment à sa vie, une vie qui avait tendance à l'agacer. Pourquoi ? Mais parce qu'elle en avait marre d'entendre "Tu es Jenny Hannigan ? La fille d'Andrew et Felina Hannigan ?" Nan mais fallait arrêter le délire surtout quand elle voyait des filles baver sur son père et des mecs fantasmer sur sa mère, il y a des gifles qui se perdaient franchement. Niveau popularité c'est vrai que cela avait tendance à l'agacer, toujours poussée par sa famille à poser pour telle magazine, participer à telle soirée et tout pleins d'autres choses. Fallait la laisser vivre un peu, il n'y avait pas que le business dans la vie et c'est sûrement cette pression qui l'avait fait totalement partir en vrille alors quand elle a rencontré un homme comme Angel fallait même plus espérer d'elle qu'elle soit un minimum raisonnable. Combien de fois elle avait-elle prit le volant avec de l'alcool dans le sang et était rentré chez elle complètement saoul ? Autant dire qu'il valait mieux qu'elle se cache de ses parents qui ne laisseraient pas leur petite fille chérie détruire ainsi leur image de parents modèles sinon elle était bonne pour finir à l'internat. Mais alors quoi ? Bien sûr qu'elle s'en fiche, elle était tombé totalement dans l'excès et d'une certaine façon Angel l'avait fait revivre alors pourquoi il avait fallut qu'il gâche tout en lui demandant de concrétiser leur relation ? Allez savoir ce qui lui fait réellement peur...

Ses yeux toujours noyés dans l'eau du lac, Jenny sortit de ses pensées en entendant un rire sans pour autant se retourner. Mais lorsqu'il passa ses bras autour d'elle, leur joue l'une contre l'autre elle fut comme électrisée. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait plus eu aucun contact avec lui et il semblerait que ce beau brun lui fasse toujours autant d'effet, un frisson lui parcourant tout le corps. Envie de lui ? Mais bien sûr seulement elle préférait mourir que de l'avouer mais elle resta quand même collée à lui, de toute façon après toutes les nuits torrides qu'ils avaient passés qu'elle reste dans ses bras ne devrait pas l'étonner même si elle l'évitait constamment mais en revanche malgré l'envie de s'emparer de ses lèvres avec passion elle ne le fit pas. Pourquoi fallait-il qu'à chaque fois qu'il soit près d'elle elle ai des pulsions aussi forte ? Non elle ne céderait pas à ses envies, pas cette fois.

Une blonde parmi tant d'autre je suppose !

Déjà qu'elle même ne se trouvait rien de spéciale mais en plus ne serait-ce pas une pointe de jalousie dans sa voix ? Non bien sûr que non, si il lui demandait quoi que ce soit elle prétendrait sûrement qu'elle avait juste du mal à coucher avec un mec qui se tape toutes les filles de la ville parce qu'elle trouvait ça assez écœurant quitte à le blesser ou alors elle ferait de l'ironie qui lui ferait comprendre qu'elle jalouse fallait pas non plus vivre dans ses songes, bien sûr on y croit qu'elle n'est absolument pas jalouse... Enfin pour le moment elle s'interrogeait surtout sur la raison pour laquelle il avait tant insisté, cette fois plus que toutes les autres fois c'est certains et comme elle était direct, croyez bien qu'elle ne prendrait pas de gants, ne tournerait pas autour du pot et serait bel et bien franche.

Alors dis moi, pourquoi tu voulais me voir ? Pour coucher ? On compte plus les fois maintenant ou non j'ai mieux, pour tenter une fois de plus de me convaincre pour l'officialisation de notre relation ? Merveilleux !

Mais qui a dit qu'elle ferait dans la dentelle ? Il devait le savoir depuis le temps mais cette fois serait différente car elle ne se laisserait pas dominer par ses envies, enfin elle essayerait en tout cas. C'était bien pour ça qu'elle s'était tenu à l'écart de lui depuis quelques temps, car il n'y avait aucune tentation alors que quand elle était près de lui c'était une autre affaire mais elle n'avait pas non plus dis qu'elle ne s'amuserait pas avec ce beau brun tant qu'il ne parlait pas de concrétisation. Et c'est ainsi que la langue de Jenny passa subtilement sur les lèvres d'Angel.

Aussi étonnant que cela puisse sembler, Angel ne perçut pas la note de jalousie pourtant très claire dans la voix de Jennifer. Avec son arrogance, pourtant, il était toujours le premier à croire distinguer de l'envie ou de la jalousie par rapport à lui là où il n'y en avait absolument pas ; il se savait bel homme et quand il prenait la peine d'arrêter de faire le boulet deux minutes, il pouvait se montrer très séducteur, et ce avec succès car il possédait une certaine empathie avec les femmes. Cette fois néanmoins l'empathie n'alla pas plus loin, car dans l'amertume du ton qu'avait employé Jennifer il ne vit rien d'autre qu'une petite pique acerbe par rapport à ses habitudes de 'débauché'. M'enfin, c'était habituel.

La jeune femme ne repoussa pas son étreinte et il en ressentit un soulagement intense. Ça signifiait donc que tout n'était pas fini entre eux ... Même s'il n'avait jamais été question, du moins explicitement, de mettre fin à la si bonne entente qui les unissait. Enfin ... Rectification : à la si parfaite alchimie avec laquelle ils s'étreignaient et passaient le temps. Vraiment, il n'y aurait pas eu de raison pour que Jennifer puisse ne serait-ce qu'envisager mettre un terme à ce qu'ils avaient entre eux. Angel se plaisait à songer, avec un petit ricanement intérieur arrogant et satisfait, que de toutes façons elle n'aurait pas pu se passer de lui et de ses prouesses au lit. Lui n'était pas dans la même situation : il s'en fichait, il avait plein d'autres amantes, et certaines plus fougueuses encore ! C'était en tous cas ce qu'il se disait, refusant d'admettre qu'il puisse même ressentir le moindre manque par rapport à elle - et ce alors qu'il était évident que ne plus la voir le rendrait malade, ce dont son empressement et son hystérie à la contacter sans relâche étaient bien la preuve.

Il aurait pu rester des heures comme ça, à la câliner bêtement par derrière, savourant uniquement la douceur de son ventre sous ses doigts et la brulure sensuelle de sa joue sur la sienne. Angel n'était pas un romantique, et s'il n'avait écouté que ses pulsions il n'aurait pas hésité à lui faire l'amour ici même, sans attendre, en public s'il le fallait, rendu trop impatient par l'attente qu'elle lui avait cruellement imposée. Heureusement il demeurait miraculeusement en lui une dernière once de décence, doublée sans doute par une considération toute particulière pour cette jeune femme pas comme les autres. À vrai dire il était même prêt à se contenter de la voir aujourd'hui s'il le fallait - si tel était le prix pour pouvoir poursuivre un minimum de relation avec elle, alors il était prêt à le payer. Évidemment ça ne l'empêchait pas d'avoir diablement envie d'elle, et il n'attendit pas bien longtemps avant de faire légèrement glisser son visage en arrière pour pouvoir effleurer les pommettes de ses lèvres.

Mais la jeune femme - cruelle - n'avait pas l'air de vouloir se contenter de cette gentille étreinte. Elle voulait des explications ? Mais pourquoi se montrer aussi agressive ? Il y avait quelque chose d'étrange dans l'ironie de sa phrase, une sorte de contradiction : elle avait l'air de lui reprocher de ne la voir que pour coucher, mais d'un autre côté elle opposait toujours une farouche résistance à l'idée d'officialiser. Que voulait-elle, à la fin ?

Angel soupira, vaguement blessé par ces paroles pleines de reproches acides, même s'il faisait de son mieux pour garder un air blasé et se convaincre que tout ça ne l'atteignait pas. Que répondre à ça ? "Je voulais juste te voir" ? D'une il ne s'abaisserait jamais à lui faire un tel aveu, même si c'était vrai, et de deux elle ne le croirait sûrement pas. Après tout il avait lui même travaillé à se donner cette image de pervers uniquement intéressé par le sexe ... qu'il était, d'ailleurs ... d'habitude. Il ouvrit la bouche pour tenter de répliquer quelque chose, mais ne put jamais terminer sa phrase :

« C'est juste que ça faisait longt--- humph ! »
C'était une des choses qu'il y avait de bien avec Jennifer : il la croyait simple, facilement prévisible, et dés qu'il pensait l'avoir cernée - hop ! elle faisait quelque chose d'inattendu. Comme amorcer un baiser alors qu'il se croyait parti pour une longue et pénible joute verbale ... Il fut si surpris qu'il lui fallut bien quelques pleines secondes avant de prendre entièrement conscience de ce qui arrivait, mais quand il se fut repris il ne réfléchit pas d'avantage : certes il y avait plein de choses à mettre au clair et il était assez frustrant qu'elle l'interrompe sans écouter ses arguments, mais bon, ça pouvait bien attendre, non ? Alors il détacha vivement ses mains de sur le ventre de la jeune femme pour les remonter s'emparer de son visage afin de l'empêcher de fuir, qu'elle en ait ou non l'intention, et sans attendre l'embrassa goulument. Il réalisa à quel point ces lèvres, à quel point ce contact lui avait manqué. Plutôt crever que de l'avouer ... mais il était complètement addict.

Ne pas se passer de ses prouesses au lit c'était certain même si elle préférait se pendre que d'avouer qu'en plus leurs nuits torrides lui manquaient terriblement, tout autant que sa présence d'ailleurs mais ça c'était une autre affaire à laquelle elle ne préférait pas prêter attention. Le sexe et uniquement ça, il n'y avait rien de plus faudrait peut être qu'elle finisse par vraiment se le rentrer dans le crâne seulement pour le moment avec la distance qu'elle avait soudainement mise entre eux et même si elle paraissait contradictoire à ne pas vouloir que coucher avec lui sans pourtant vouloir officialiser leur relation, elle n'était absolument pas prête à avouer que tout lui manquait chez lui, nan plutôt mourir. Mais si lui osait prétendre qu'il s'en fichait d'elle car il avait une tonne d'amantes et même certaines plus fougueuses, elle ne le croirait pas tout simplement parce que sinon ce ne serait pas elle qu'il viendrait chercher presque toutes les nuits pour des moments toujours aussi intenses, d'autant plus que le fait qu'il soit revenu à la charge confirmait ses doutes et peut être qu'au fond cela lui faisait plaisir qu'il ai autant insisté, question de fierté oui bien sûr même si cela resterait entre elle et sa conscience.

Lorsqu'il avait posé ses lèvres sur sa joue, Jenny n'avait pu s'empêcher de passer sa langue sur sa bouche et elle eut un sourire en voyant qu'elle l'avait coupé alors qu'il allait enfin s'expliquer et si elle comptait reprendre le dessus sur elle et se séparer de son étreinte pour écouter ce qu'il avait à lui dire, elle fut dans l'incapacité de le faire, son visage bloqué entre les mains d'Angel alors qu'il l'embrassait. Que pouvait-elle faire d'autre que de prolonger intensément ce baiser ? Bien sûr c'était juste parce qu'il ne lui laissait pas vraiment le choix évidement... Nan mais autant lui arracher le coeur que d'avouer qu'elle aimait tant ses baisers toujours aussi passionnés et langoureux et que ceux ci lui avait bel et bien manqués. Se retournant alors pour lui faire face au lieu de rester de dos la tête tournée vers lui à l'embrasser, Jennifer agrippa le haut d'Angel d'une de ses mains, preuve que non de toute façon elle ne comptait pas s'échapper.

Mais qu'es ce qui lui arrivait à la fin ? Pourquoi elle avait la sensation d'être collée à ses lèvres et son corps sans pouvoir s'en détacher ? Non il fallait remédier à ça avant qu'elle finisse vraiment par lui céder. Et puis quoi encore elle n'allait pas le laisser lui faire l'amour au bord du lac ou ailleurs avant d'avoir parlé avec lui, d'avoir entendu ce qu'il avait à lui dire et surtout d'avoir été clair avec lui. Jennifer se détacha alors difficilement de ses délicieuses lèvres sans pour autant se décoller de lui, son visage restant proche de celui d'Angel. En effet personne n'avait jamais parlé d'arrêter cette relation si charnelle qu'ils entretenaient mais elle avait malgré tout mis un frein à tout ça comme pour lui dire "oublie l'idée d'officialiser notre relation" mais elle se doutait qu'elle ne le ferait pas changer d'avis si facilement. Elle avait du mal à comprendre à quoi ça l'avancerait lui que tout le monde sache qu'ils couchent ensemble sans arrêt ? Enfin couchaient car pour le moment c'est plus trop le cas...

Tu avais quelque chose à me dire il me semble !

Même si la plupart du temps les discutions n'occupaient qu'une infime partie de leur temps, là il était certain que parler était nécessaire et ils devraient avoir d'excellents arguments pour la convaincre de cesser de s'éloigner de lui comme ça et peut être même d'officialiser mais ça c'était pas gagné seulement si c'était le cas elle imposerait ses conditions. Passer pour une trainée avec une image de marque comme la sienne c'était même pas envisageable, elle n'avait peut être jamais demandée une telle popularité mais elle préférait ça à ce qu'on la voit comme une nana qui couche avec tout les hommes car bien que tout le monde sait qu'elle est loin d'être une pauvre petite fille qui prône la chasteté et qu'elle a eu plus d'un mec dans son lit, vu la réputation de tombeur et d'obsédé sexuel d'Angel, ça compliquait bien les choses. Tout ça pour une histoire de réputation, mais qui dis que quelque chose ne se cache pas derrière tout ça en réalité ?

Les relations humaines étaient vraiment quelque chose de terriblement compliqué, dont Angel se serait volontiers passé s'il avait pu. Seulement il n'aimait pas la solitude, et comme tout le monde trouvait toujours un plaisir aussi vif que masochiste à entretenir ces relations en question - même si c'était pénible, même si ça n'en finissait plus de doutes et d'incompréhensions, la chaleur humaine valait bien tous ces efforts. Dans les films ou les romans les personnages avaient toujours l'air de se comprendre à merveille - un regard, une moue, n'importe quoi et d'invraisemblables montagnes de sous-entendus passaient entre eux avec fluidité. Dans la vraie vie ça ne marchait pas comme ça : Angel avait beau se démener pour tenter d'envoyer ces magiques signaux invisibles, ce qu'on pensait sans le formuler l'autre ne le devinait pas. Sinon, pas de doute qu'ils n'en seraient pas arrivés là, avec Jennifer ...

C'est pour ça qu'il rêvait de se faire le nouveau Jocker, délire certes franchement puéril mais qui présentait une foultitude d'avantages : jouer l'ennemi public comme il aimait tellement le faire, évidemment, mais aussi ne pas avoir à se soucier de s'entendre avec les autres, qu'il pouvait acheter ou rallier à sa cause diabolique grâce à son génie ! Non, non, Angel n'avait pas la mentalité d'un gamin de quatre ans - même si on pouvait douter, parfois -, mais chacun ses rêves, non ? Ça ne l'empêchait pas d'être conscient que des rapports primitifs et purement physiques ne lui convenaient pas. S'il voulait seulement coucher il pouvait le faire avec n'importe qui - mais il s'acharnait à poursuivre Jenny. Et ça, c'était vraiment, vraiment compliqué.

Même alors qu'il l'embrassait avec passion, déjà proche du nirvana rien qu'à sentir ses lèvres s'entrouvrir pour lui, son souffle plonger dans sa bouche et son corps se coller voluptueusement au sien, il continuait de sentir un violent pincement au cœur à savoir que la jeune femme n'était pas entièrement à lui, qu'une part d'elle continuerait probablement toujours à le fuir. Il aurait voulu se noyer en elle pour oublier, fondre leurs chairs pour ne jamais avoir à se séparer et revenir au monde pénible et douloureux des mots ; il aurait voulu que leur étreinte continue encore, éternellement peut-être ... Mais Jennifer avait les pieds sur terre, et même après avoir craqué elle sut se reprendre. Angel, en gamin capricieux, se refusait à rompre ce baiser, et quand il sentit qu'elle commençait à se détacher de lui il tenta de l'en empêcher, de la retenir, même si pour ça il devait se montrer violent. Il n'en eut heureusement pas besoin, car ses lèvres, après s'être séparées des siennes, ne s'éloignèrent que peu. La perte de ce contact lui fit presque mal, néanmoins, et une ombre douloureuse dut passer sur son visage, même s'il tenta de reprendre contenance immédiatement.

Et les mots ... De nouveau là : un souffle froid entre eux, une barrière invisible. Angel se mordit la lèvre en soupirant bruyamment, ne cachant pas que parler était dans l'immédiat ce qu'il avait le moins envie de faire. Mais il le fallait bien. Alors il reprit son petit air arrogant, lâcha le corps de Jenny pour aller plonger les mains dans l'herbe après s'en être passé une dans les cheveux, et renifla avec détachement.

« Quelque chose à te dire ? » répéta-t-il d'un ton goguenard en la détaillant de sous ses cils. « Tu es sûre ? Mais c'est plutôt toi qui dois avoir des tas de choses à cracher ... C'est toi qui ignores mes appels, qui me raccroches au nez sans une explication, c'est toi qui me fuis ! Moi je n'ai rien de nouveau, je n'ai pas changé ... »
Et cette frustration inhabituelle de ne pas la voir ? Ce besoin maladif de la sentir près de lui ? Et ce désir dévorant, fou, bien au dessus déjà d'une simple pulsion sexuelle ? Cette douleur qui lui tordait les boyaux de ne pas la posséder ? N'était-ce pas un peu trop différent de ce qu'il ressentait au départ ?

« ... Non, je n'ai pas changé. »
Il leva les yeux quelques instants vers un nuage, arracha une touffe d'herbe qu'il laissa pleuvoir sur ses genoux, effleura la surface du lac du bout des doigts, et rapporta son regard vers la jeune femme, la pupille luisante et les traits impassibles – de cette rigidité exagérée qui sert à retenir les tremblements, à cacher une peine qui risquerait sinon de s'épancher sur le visage.

Jennifer sentit facilement qu'il l'empêchait de se séparer de lui, qu'il avait tenté tant bien que mal de prolonger ce baiser contre le gré de la blonde et rien qu'à sa façon de presser son corps contre le sien elle comprenait qu'il ne voulait pas qu'elle s'éloigne mais non ce n'était pas dans ses intentions. Seulement à l'avenir il ferait bien de ne jamais se montrer violent car c'était bien une chose qu'elle ne pourrait jamais accepter et qui pourrait vraiment mettre fin à cette relation si particulière. Oui elle n'acceptait déjà pas l'autorité parentale alors ce n'était pas pour se retrouver soumise aux désirs d'un homme, désirs qui en plus cette fois ci étaient bien partagés car Jenny n'avait aucunement l'envie de se détacher de lui. Mais lorsqu'en se noyant dans son regard elle vit cette ombre douloureuse passer sur son visage, ce fut comme un électrochoc en elle, son coeur se mettant à battre à une vitesse fulgurante sans qu'elle ne puisse le controler. Etais-ce alors si difficile pour lui de devoir se séparer d'elle même de quelques millimètres ? Mais pourquoi ? Si ce n'était que purement physique entre eux il serait plutôt énervé qu'elle agisse ainsi mais pas...triste. Cette mine qu'elle n'avait jamais vu, cette mine lui fendit étrangement le coeur...

Angel !

Le son de sa voix était inhabituellement plus doux et tendre, plus attendrit aussi, touché par cette douleur qu'il avait laissé apparaitre rien qu'un instant. Angel malheureux à cause d'elle ? Nan fallait qu'elle arrête son délire qui n'aurait jamais dut commencer. Même si c'était vrai, comment pourrait-elle croire un seul instant qu'il ai autant de considération et d'affection pour elle ? Si c'était le cas il était bien trop tard pour qu'elle le croit...ou peut être pas. Très sincèrement elle ne savait même pas quoi penser mais sa façon d'être arrogant et cette façon qu'il avait d'être habituellement la firent revenir sur terre : elle ne se faisait qu'un film, voilà là conclusion qu'elle en tirait finalement et elle aussi reprit alors son air si neutre, ne laissant plus transparaitre aucun sentiment, chose qu'elle savait bien faire d'ailleurs et c'est bien pour ça que par moment elle était vraiment difficile à cerner mais elle était loin d'être fleur bleu alors autant qu'elle se ressaisisse maintenant.

C'est pour ça que tu m'as fais venir ici ? Pour que moi je m'explique alors que tu sais très bien pourquoi j'agis ainsi ? Si c'est le cas je crois que je n'aurais pas du venir !

Pourtant intérieurement elle ne le pensait pas vraiment, elle ne regrettait pas d'être venu rien que pour avoir eu l'occasion de le voir, d'échanger un baiser et de se perdre dans son regard quelques instants. Mais elle semblait se montrer dur comme pour fuir, fuir quelque chose dont elle ignorait tout et qui était bien plus qu'Angel en regardant au fond des choses mais non elle ne préférait pas aller au fond des choses car elle avait bien peur de ce qu'elle pourrait découvrir. Mais il lui paraissait si étrange, il avait un comportement bien différent avec elle ce soir comme si son absence l'avait affecté plus qu'il ne voulait l'avouer sinon comment l'expliquer ? Il n'avait jamais été comme ça avec elle, tout les deux toujours un peu à côté de la plaque à s'éclater de façon toujours plus insolite avant de finir par coucher ensemble, non ce soir il était différent et le fait qu'il répète à deux reprises qu'il n'avait pas changé lui mit la puce à l'oreille et lorsqu'elle croisa son regard elle se décida enfin à ouvrir la bouche.

Dis moi ce qui se passe Angel ! Si tu veux que je cesse de fuir dis moi juste la vérité et ce que tu attends vraiment de moi, c'est pas trop demander je pense !

Bon à part officialiser bien sûr ça elle le savait déjà. Tout en disant cela et en gardant cet air neutre elle était retournée au bord du lac s'assoir près de lui sans pour autant oser le contact. Jennifer avait besoin de savoir, oui elle avait besoin de savoir pourquoi il se comportait ainsi, pourquoi avoir tant insisté pour la voir, pourquoi son visage avait reflété la douleur un instant, pourquoi il semblait si différent tout simplement ? Et comme pour l'inciter à parler elle posa sa main sur celle d'Angel, voulant lui faire comprendre que de toute façon il pouvait tout lui dire car cette fois elle ne fuirait pas. Elle ne savait pas vraiment à quoi s'attendre et cela lui ferait presque peur de ne pas savoir si elle allait se prendre des remarques blessantes ou désobligeantes en pleine figure...ou alors tout le contraire. Mais elle préférait mettre tout à plat car l'ignorance la pousserait à fuir bien plus en réalité.

« Mais merde, j'attends rien de toi, qu'est-ce que tu crois ?? »
Il avait parlé plus fort, de manière plus agressive qu'il ne l'avait voulu, et bien plus qu'il ne l'aurait dû. Mais ç'avait été comme un mécanisme, un automatisme de défense sur lequel il n'avait aucun contrôle conscient ; au fond il avait crié comme ça contre lui-même plus que sur Jenny, fâché de son propre comportement, fou de ne plus se comprendre. Parce que, en effet, la question était là : qu'est-ce qu'il attendait d'elle ? Il pouvait toujours prétendre qu'il ne voulait que coucher, rien de plus, il savait pertinemment qu'il n'y avait pas que ça. Comment ne pas le voir ? Même la jeune femme, avec qui il se comportait pourtant de plus en plus comme un mufle pour justement lui cacher son trouble, même elle avait remarqué que quelque chose ne tournait pas rond.

Il voulait officialiser, soit. Désir compréhensible, question d'orgueil, de faire valoir ses "droits" ... peut-être. Si ce n'était que ça, il aurait de toutes façons pu le faire sans son consentement, pas vrai ? Elle lui en aurait certainement voulu, elle aurait probablement cessé de le voir, mais il savait y faire et il était intimement persuadé qu'après quelques temps pour laisser naître le pardon et avec une approche délicate, elle aurait de nouveau été sienne. Mais il y avait le "quelques temps", et il y avait le "elle lui en aurait voulu" – rien qu'à l'imaginer il en était malade, pauvre imbécile qu'il était, pauvre crétin à souffrir autant pour des raisons injustifiées. Après tout, Jennifer n'était rien de plus qu'une amante parmi d'autres, rien qu'une belle femme comme il pourrait en trouver cent ailleurs. N'est-ce pas ? Elle ne pouvait pas être autre chose, elle ne pouvait pas être plus ; lui qui se refusait à s'imaginer sous un quelconque joug qui ne dépendrait pas de lui, lui qui se voulait au dessus des autres, seul et superbe, il ne pouvait se permettre de concevoir une telle chose. C'est pourquoi il perdait ses moyens, pourquoi il s'énervait aussi facilement quand la fragile coquille d'indifférence qu'il s'était forgée se trouvait démentie – alors quand Jenny lui avait clairement demandé de dire la vérité, supposant par là qu'il mentait (à elle, à lui même, au monde), il n'avait pu que réagir violemment. Même si après coup il s'en voulut.

« Excuse-moi. Y a rien, vraiment. La vérité tu la connais : j'ai envie de coucher avec toi, je sais que tu en as envie aussi ... sauf que tu veux le cacher et ça ça m'emmerde parce que je comprend pas pourquoi ! »
Dans sa rage il s'était levé quelques instants plutôt ; maintenant il se rassit, encore sous le coup d'un énervement difficile à contenir, qui le rendait presque tremblant, fébrile. Pourquoi fallait-il qu'elle rende ça si compliqué ? Quand il disait que les relations humaines étaient monstrueusement prises de tête ... Il en avait marre. Il voulait qu'elle comprenne, sans qu'il ait besoin de l'exprimer de vive voix, qu'il ne voulait rien d'autre qu'elle, que le reste était superflu, lui faisait mal à la tête, le saoulait, le rendait dingue, et qu'il n'y avait vraiment qu'elle dans l'immédiat dont il avait envie. Il voulait qu'elle le comprenne sans qu'il ait à le comprendre lui-même. Là, tout de suite, il avait vraiment envie d'arrêter de parler, de se contenter de coucher avec elle – rien qu'elle –, sans mots, comme ils savaient si bien le faire avant, puis de s'endormir dans ses bras pour oublier simplement qu'il était trop crétin pour admettre qu'il n'avait besoin de rien d'autre. D'un peu de crystal quand même, peut-être. Mais ce n'était même pas sûr.

Il ouvrit la bouche comme s'il voulait continuer à parler, mais ne prononça aucun son ; il arracha à nouveau une poignée d'herbe, méchamment cette fois, et la jeta rageusement dans le lac. Son regard était brûlant quand il le replongea dans celui de Jennifer. Il avait conscience qu'il n'avait pas vraiment répondu à sa question, qu'il avait juste détourné les mots le plus qu'il avait pu, mais il espérait qu'elle comprendrait sa retenue – même s'il était probable qu'elle ne l'accepte pas pour autant. Mais il y avait quelque chose qu'il avait lui-même besoin de demander avant, quelque chose qu'il avait besoin de savoir. D'une certaine façon on aurait pu dire que c'était pour ça qu'il lui avait demandé de venir, pour ça qu'il avait tant eu envie de la voir – même si ce n'était pas l'unique raison. Cette question lui brûlait les lèvres et elle devait être clairement expliquée – le plus vite possible.

« Pourquoi tu veux cacher qu'on se voit ? Qu'est-ce que ça peut bien foutre ? »
Il avait déjà une idée de la raison, en vérité, mais il lui fallait l'entendre, il avait besoin de croire encore un instant qu'il y avait derrière tout ça une force extérieur terrible et impossible à combattre, que Jenny ne pouvait pas faire autrement que le cacher même si elle avait en fait trèèès envie d'officialiser ... Il savait que c'était faux, évidemment, il n'était pas gamin à ce point, mais il ne l'admettrait pas avant qu'elle ne le lui crache vraiment au visage. Il rajouta, d'une voix dure et froide qui pour une fois sut masquer à merveille la souffrance qu'il expérimentait intérieurement, en se forçant à dire ces mots qui lui déchiquetaient la langue :

« T'as honte de moi, c'est ça ? »

Jennifer se leva en s'éloignant d'un seul coup de lui lorsqu'il lui hurla dessus, le regardant de façon méchante et extrêmement rancunière. C'était quoi son problème ? Elle avait juste posée une question qui lui avait paru anodine sur le coup et il en faisait toute une montagne en lui criant dessus de cette façon là, chose qu'elle ne pouvait pas cautionner. Non décidément elle n'arrivait pas à comprendre cette soudaine colère qui semblait l'animer. Mais pourquoi agissait-il ainsi avec elle bon sang ? Entre eux cela n'avait jamais été comme ça, jamais été si compliqué. Ils s'étaient peut être disputés à de nombreuses reprises à cause de cette idée d'officialisation mais cela n'avait jamais été jusque là, il n'avait jamais été jusqu'à piquer une colère sur elle. Autrefois tout était plus simple mais depuis qu'il lui avait demandé que tout le monde apprenne leur plus ou moins relation cela avait tout compliqué dans leur vie, pourtant cela n'aurait pas dut si ? Sincèrement elle n'avait même pas envie de se perdre dans ses pensées pour trouver la cause à tout ça car elle s'était directement braquée contre Angel, ce n'était pas un comportement à adopter avec elle et elle s'apprêtait d'ailleurs à partir, lui tournant le dos.

Fort heureusement la jeune femme entendit ses excuses avant de partir, se retournant de nouveau vers lui les mains dans les poches de sa veste mais si il croyait que ses paroles allaient aider à détendre l'atmosphère il s'était lourdement trompé. Il avait bien commencé à s'excuser mais il avait mal terminé en disant qu'il avait simplement envie d'elle, alors c'était pour ça qu'il l'avait appelé et qu'il avait tant insisté, simplement pour lui faire l'amour une fois de plus même si évidement elle aussi en avait envie. Elle était déçue et blessée oui pourtant elle ne devrait pas l'être car il avait été convenu que cela ne serait que purement physique entre eux alors pourquoi elle avait cette impression qu'on lui transperçait lentement mais sûrement le coeur ? Mais elle ne semblait pas être la seule à avoir été blessé car il semblerait bien que le fait qu'elle veuille cacher leur relation lui faisait mal. Elle pouvoir faire du mal à Angel ? Elle en eut un rire de pitié pour elle même, nan c'est vrai quoi elle l'avait toujours vu sans coeur et intéressé uniquement par le sexe mais en se rendant compte qu'au fond cette colère exprimait une blessure - surtout lorsqu'il lui demanda si elle avait honte de lui - elle se figea sur place.

Je...enfin...tu... n'arrivant pas à parler elle ferma les yeux un instant en inspirant une bonne fois : Je refuse de passer pour une trainée parce que je couche avec un mec qui a tout un tableau de chasse à son actif, je compte pas perdre une de mes amies à cause de notre soi-disant relation !

Oh oui c'était dur et mauvais, il était froid alors elle l'était aussi mais ce qu'elle pouvait se montrer crétine parfois c'est vrai, pourquoi lui avoir dis tout ça, oui elle aurait mieux fait de le garder pour elle car elle allait sûrement le blesser encore plus et par conséquent l'énerver d'avantage mais si il croyait que c'était simple pour elle il se trompait car elle avait envie de mourir rien qu'en se rendant compte que son coeur s'emballait dans sa poitrine lorsqu'il était près d'elle, lorsqu'il l'embrassait fougueusement leur corps l'un contre l'autre, lorsqu'il laissait apparaitre une certaine douleur sur son visage et tout plein d'autres raisons qui faisait que son pauvre coeur n'en voyait pas le bout. Elle devrait s'en foutre non ? Après tout avec Angel ce n'était que pour coucher alors c'était pas si grave si elle devait le perdre mais alors pourquoi rien que cette pensée lui faisait si mal ? Décidément le beau brun n'était pas le seul à avoir un problème car elle semblait avoir le même que lui justement.

Quand Jenny prenait la peine de cogiter deux secondes en fermant les yeux, de se remémorer toutes les choses dites, les comportements de l'un et de l'autre qui semblaient étrangement similaires et tout ce qui c'était passé elle se rendait doucement compte de ce que lui cachait Angel ou plutot ce qu'il essayait de lui faire comprendre depuis le début. Serait-ce possible qu'il ai le moindre sentiment pour elle ? Mais si il ne le lui disait pas comment pourrait elle ne serait-ce qu'un instant le croire ? Même si il le lui disait elle n'était pas sûr de le croire mais évidement qu'elle pensait à cette éventualité pourtant elle ne pouvait s'empêcher de se dire que non c'était impossible, qu'il n'ai pas capable d'aimer, qu'il n'aime personne mais c'était plus pour se voiler la face qu'elle pensait ça, comme si elle refusait qu'il puisse l'aimer alors qu'au fond...elle était dans le même cas d'où son comportement à elle aussi même si elle se refusait à elle même cette pensée pourtant elle se rendait compte. oui elle venait de se rendre compte qu'elle ne cherchait qu'à fuir une certaine réalité et que donc finalement elle n'avait pas entièrement répondue à la question d'Angel, au pourquoi cela la dérangeait tant qu'ils officialisent leur relation. Alors regardant l'herbe elle finit par avouer une chose qu'elle allait sûrement regretter mais elle ne voulait pas continuer de le faire souffrir plus longtemps.

Refuser d'officialiser m'a aussi donné une raison de te fuir donc de fuir ce que je commence à...ressentir...pour toi !

Elle avait un peu fait le premier pas c'est vrai, c'était aussi un peu pour le pousser à s'ouvrir à elle mais en se rendant compte de ce qu'elle avait dit et qu'elle risquait sûrement de tomber de haut, qu'il allait sûrement se foutre d'elle, elle fit demi tour en faisant quelques pas vers la sortie.

( Désolée du retard, problèmes d'ordi ... Et joyeux anniversaire !! (en retard) (si je me trompe pas) ~ )

Il le savait. Il le savait qu'elle n'allait pas le contredire, qu'elle ne le pourrait pas même si elle essayait, pour la simple et bonne raison qu'il avait vu juste : elle avait honte de la relation qu'elle entretenait avec lui. Elle avait honte de lui. Pour elle, il n'était qu'un de ces pauvres types qu'elle ne pouvait que mépriser, à qui en temps normal elle ne devait probablement pas accorder le moindre regard. Forcément, il n'était pas assez populaire, il n'était pas assez branché, pas assez classe pour la réputation de la si délicieusement célèbre Miss Hannigan ! Il savait que c'était injuste de sa part de penser comme ça. Il la connaissait un minimum, ou tout du moins commençait à la connaître après le temps qu'ils avaient passé ensemble, et il avait fini par comprendre qu'elle n'était décidément pas cette petite poupée issue d'une jeunesse dorée hautaine et prétentieuse que la plupart des gens décrivaient en parlant d'elle. Elle était bien plus intéressante que ça, plus modeste et délicate qu'on ne voulait le croire. Et quoi que lui-même en dise, c'était avec cette jeune femme simple et attachante qu'il aimait être. Mais c'était plus facile d'accuser son image, plus facile de lui en vouloir de cette manière-là.

Il était blessé. Profondément blessé. Apprendre comme ça, de but en blanc, ce qu'elle pensait vraiment de lui, ça faisait mal. Bien sûr il ne se leurrait pas et savait pertinemment que c'était là ce que tout le monde pensait - c'était la vérité après tout - mais l'entendre de sa bouche à elle ... En un instant son visage se ferma, comme une huître, et seuls les légers tremblements de ses lèvres trahissaient encore son chagrin puéril derrière le masque de colère qui s'était emparé de ses traits. Le pire était peut-être le "soi-disant relation" qu'elle avait fini par lâcher. Soi-disant relation ? Lui-même ne pouvait pas vraiment lui reprocher de considérer ça comme ça : depuis le départ il avait refusé d'admettre qu'il puisse y avoir entre eux autre chose qu'un contrat de "sex-friends" ... Mais au moins il y avait quelque chose. Il avait l'impression qu'elle était presque en train de nier les liens qui les reliaient pourtant clairement à ses yeux.

Il était en colère. Rageur comme il l'avait rarement été. Si elle le trouvait si répugnant, si elle craignait tant de passer pour une "traînée", pourquoi avait-elle accepté de coucher avec lui dés le départ ? Pourquoi, si sa petite morale de sainte l'avait taquinée par la suite, avait-elle continué à le voir ? Maintenant elle voulait soudainement arrêter de faire ce qu'elle avait vraisemblablement adoré faire pendant des mois sous prétexte que ce n'était pas ça qu'elle était vraiment ? Il eut très envie de lui cracher ce qu'il pensait au visage : que malgré toutes ses précautions, malgré sa réputation, malgré ce qu'elle prétendait être, elle avait effectivement couché avec lui. Si ceci faisait en effet d'elle une traînée, ce n'était pas à lui de le dire. Mais le fait était là, et il ne supportait pas sa façon de considérer tout ça avec autant de hauteur, comme si elle était extérieure à toute l'histoire. Il avait envie de hurler, de lui sauter dessus pour la secouer et la gifler, qu'elle arrête de jouer comme ça avec lui. Il n'en fit rien. D'une part parce qu'il lui fallut un certain temps pour trier ses pensées flous en autre chose qu'une mare bouillonnante et colérique, d'autre part parce que Jennifer ajouta autre chose qui le laissa littéralement sur le cul.

Carrément un aveu. Une déclaration. Oula, cette affaire commençait à franchement dépasser Angel : pure histoire de sexe au départ, voilà qu'on tombait dans les sentiments ? Il n'avait jamais su y faire avec ces choses-là - la dernière fois qu'il s'était impliqué quelque peu sérieusement avec quelqu'un ça s'était terriblement mal fini - et le verbe "ressentir", quand il n'était pas appliqué aux sensations physiques, ne pouvait que le terrifier. Mais ce qui l'effraya le plus, dans ce que lui avoua rapidement Jennifer, fut la chaleur dévorante qui se répandit dans tout son corps, les frissons qui formèrent comme une boule prise de tressautements dans son ventre, et la folie toute aussi rebondissante qui s'empara de son myocarde. Il avait peur parce que ces mots ne le laissaient pas indifférent et que quelque chose, un instinct bizarre et inavouable, le tiraillait pour l'obliger à bondir jusqu'à la jeune femme et l'embrasser langoureusement. C'est sans doute ce qu'aurait fait n'importe qui, avec ou sans sentiments réciproques : avec pour d'évidentes raisons, mais également sans car elle venait de lui offrir une emprise rêvée sur elle qu'il lui aurait été facile d'utiliser pour la ramener dans son lit. Angel pourtant ne fit rien, sinon demeurer interdit et silencieux pendant quelques instants.

Et puis finalement, sa nature reprit le dessus : comme à chaque fois qu'il se trouvait dans une situation où il ne savait pas quoi faire (et il ne savait vraiment pas comment maîtriser l'agitation qui malmenait son cœur), il sortit un stupide ricanement. Jenny avait eu raison : tout ce qu'il pouvait faire était se moquer d'elle. Mais jamais il ne fut moins sincère.

« Attend, attend ! »
Voyant qu'elle avait tourné le dos et commençait à s'éloigner, il se dépêcha de la rattraper ; pourtant il demeura dans son dos, car malgré son apparente sûreté il n'osait pas croiser son regard de peur de s'écrouler, et ne la toucha pas pour la retenir car il craignait que le moindre contact ne le fasse fondre définitivement. Il avait des sentiments pour elle, et pas juste de l'attirance ou un simple attachement ; si lui-même ne se l'était pas encore formulé et refusait toujours de l'admettre, au moins son subconscient avait fini par s'en rendre compte.

« Tu déconnes, pas vrai ? »
Il l'avait rattrapée, mais il ne savait pas quoi dire. Il ne voulait pas perdre la face, alors comment lui faire comprendre qu'il voulait juste la serrer dans ses bras, qu'elle sache qu'il acceptait ses sentiments à défaut de lui avouer les siens ? Il ignorait totalement comment il lui aurait fallu agir, alors il se contenta de sortir les premières imbécilités qui lui passèrent par l'esprit, et le ton goguenard qu'il employa pour mieux les faire passer lui troua le cœur sans doute plus violemment encore qu'il ne dut l'atteindre elle :

« Haha, c'est trop fort, alors genre tu m'aimes ou un truc comme ça ? Trop fort ! »

( Pardon, je suis cruelle x3 J'aime rendre Angel insupportable. )

Qu'il ose se lamenter en prétextant que si elle réagissait ainsi c'est parce qu'il n'était pas assez branché, populaire et compagnie, qu'il ose la faire passer pour une poupée blonde et il se prenait la plus belle gifle du siècle. Et bien oui elle est peut être célèbre à cause de photos, d'articles et compagnie paraissant sur elle mais tout ça c'était bien de la faute de ses parents, elle a rien demandé Jennifer et combien de fois elle ne s'était jamais présentée à une soirée, un défilé ou un casting tout ça pour aller retrouver Angel. Bien sûr elle ne lui dirait jamais que par moment elle plaquait tout pour lui et qu'ainsi il passait avant toute cette popularité, nan plutôt crever il pourrait s'en vanter auprès de tout le monde ensuite. Mais c'était bien la preuve qu'elle était loin du prototype de la pauvre petite fille riche populaire et sans cervelle, image que certains pourraient bien lui attribuer mais honnêtement elle s'en fichait comme pas possible. Si les gens voulaient lui coller une étiquette ainsi qu'ils le fassent, ce serait bien la preuve d'une jalousie profonde. Enfin pour le moment elle n'avait jamais entendu de remarque désobligeante sur elle bien au contraire, encore heureux avec son caractère de tigresse elle ferait vite ravaler ses paroles à la personne.

Et enfin cette aveu, ce maudit aveu que Jenny aurait mieux fait de taire. Elle l'entendait ricaner mais en même temps elle ne pouvait pas s'attendre à autre chose de lui, il ne faisait toujours apparaitre que son côté pervers et d'emmerdeur c'est pour ça qu'en voyant son comportement de ce soir elle avait été perturbée et avait lâchée ces quelques mots sur ce qu'elle pouvait éventuellement ressentir pour lui mais maintenant elle regrettait amplement. Toujours les mains dans les poches en marchant, lorsqu'il l'interpela en s'approchant d'elle sans pour autant la toucher, Jennifer stoppa sa progression vers la sortie sans se retourner et oser le regarder malgré tout, écoutant ce qu'il avait à dire dans le plus grand des silences. Déconner ? Comme si elle allait déconner sur une chose pareille mais elle avait bien faillit se retourner pour lui dire qu'effectivement elle se foutait bien de lui juste par vengeance mais elle ne le fit pas. Mais une fois qu'elle fut sûr d'avoir repris une certaine contenance, Jennifer se retourna vers Angel de façon toujours aussi neutre, comme pour lui faire comprendre qu'il pouvait penser ce qu'il voulait elle s'en fichait de toute façon, même si c'était totalement faux mais elle se refusait à accepter que son comportement puisse la blesser alors que c'était bien le cas.

La ferme Angel !

C'est tout ce qu'elle avait trouvée à répliquer d'un ton froid, ses yeux fixés dans ceux du jeune homme sans pour autant laisser transparaitre un quelconque ressentit. A cet instant on aurait surtout dit que tout sentiment l'avait quitté, elle avait bien l'air d'une enveloppe charnelle sans rien à l'intérieur, sûrement le contre coup du fait qu'il s'était ouvertement foutue d'elle mais aussi parce qu'elle ne comptait pas lui donner satisfaction en lui prouvant que ce qu'elle lui avait dit précédemment était bien réel, que oui elle ressentait bien quelque chose de plus fort qu'une simple envie purement physique, non elle ne lui montrerait pas, pas question... Alors après ces trois mots, aussi simple qu'ils soient et qui pourraient se révéler blessant dans sa façon de le dire, sans se retourner Jennifer reprit le chemin en direction de sa voiture. Mais alors qu'elle allait définitivement disparaitre de la vue d'Angel, elle s'arrêta avant sous les branches d'un arbre, se retournant de nouveau vers lui qui était à quelques mètres d'elle, toujours aussi impassible.

Oh et si ça t'amuses de te voiler la face et de rire à mes paroles, c'est que tu ne vaux pas plus que je ne le pensais !

De la provocation pure et dure oui, une façon de le défier, de le provoquer pour qu'il laisse apparaitre ses sentiments que ce soit en paroles dans une rage folle ou dans un baiser fougueux ou n'importe quoi d'autres mais oui elle avait besoin de savoir, n'ayant pas oubliée cette ombre triste sur son visage tout autant qu'elle avait put voir que certaines de ses paroles avaient blessées Angel, elle était peut être blonde mais pas débile, elle savait reconnaitre un comportement normal d'un comportement louche et ce soir c'était plus que bizarre encore. Il fallait qu'elle sache si elle s'était fait des films depuis le début ou si elle avait bien raison en disant qu'il préférait jouer ainsi avec elle pour cacher ses véritables sentiments, cela ne lui coutait rien d'essayer. C'est certain si il n'entrait pas dans son jeu, elle aurait sa réponse et en déduirait facilement qu'elle n'était qu'une partenaire de sexe pour lui, ni plus ni moins qu'une jeune femme avec qui il se plaisait à coucher à chaque fois que l'occasion se présentait et dans ce cas là elle partirait mais ce serait bel et bien la dernière fois qu'ils se reverraient.

(pas de problème & merci & pas besoin de t'excuser moi il m'amuse le comportement d'Angel mais Jenny c'est pas mieux --> )

Angel prit enfin conscience qu'il avait été trop loin lorsqu'il entendit la réplique glacée de Jennifer résonner comme un glas dans l'écho diffus du parc. Il n'avait jamais eu l'intention de la blesser, même s'il avait su dés l'instant où il avait laissé sa stupide moquerie s'échapper de ses lèvres qu'il ne pourrait en être autrement : même si elle l'avait connu parfaitement, même si elle l'avait compris comme lui-même se comprenait, elle n'aurait pu percevoir derrière toutes les couches d'arrogance et de bêtise ce que le jeune homme se cachait à lui-même. Pourquoi avoir ricané comme ça ? Facile : parce que c'était le seul moyen qu'il connaissait pour ne pas perdre entièrement la face, la seule réaction qui lui venait naturellement quand il se trouvait surpris dans les zones inexplorées de ses sentiments.

Il se souvenait que lorsque sa grand-mère était morte, il avait ricané de la même façon. Prétendre que tout ça ne l'atteignait pas, que l'importance que les humains accordaient à autre chose que la satisfaction des besoins physiques était ridicule et lui passait bien au dessus de la tête, faire semblant de s'en foutre, se la jouer cool pour pouvoir mieux mépriser les autres, c'était tellement plus simple ... Il avait terriblement tenu à sa grand-mère pourtant, mais lors de son enterrement il n'avait pu s'empêcher d'avoir un fou rire à cause de l'arrangement pathétique des fleurs ou d'une autre raison tout à fait stupide. Ce jour-là il était défoncé, bien sûr, mais ce n'était pas la seule raison au rire amer qui l'avait secoué pendant des heures : s'il avait cessé ne serait-ce qu'un instant de se bidonner, il aurait laissé la porte ouverte au chagrin, et celui-ci lui paraissait trop dur à supporter. On ne le dit pas, mais il faut du courage pour pleurer.

Bien sûr, cela n'excusait en rien son comportement. Il était lâche de se refuser ainsi à admettre les sentiments de Jennifer, sans même pour l'instant mentionner les siens ; mais en se moquant et en ricanant ainsi, il ne faisait que tenter de se protéger. Que la jeune femme se rende compte de ceci ou pas ne changeait rien au fait qu'il était impardonnable : n'aurait-il pas dû faire un effort, pour une fois, afin de laisser ne serait-ce qu'entrevoir à Jenny la possibilité qu'il ne soit pas totalement dépourvu de décence et de considération ? Mais non, l'abruti, il n'en était pas capable. Au point où il en était, il ne savait à vrai dire même plus s'il s'en voulait ou pas. Tout ce dont il avait encore conscience était de la glace dans les yeux de la jeune femme qui lui transperçait la poitrine. Elle avait une autre technique pour cacher ses sentiments apparemment, et celle-ci marchait décidément bien mieux ... Angel en était maintenant à douter s'il avait déliré, s'il avait entendu des voix lorsqu'il avait cru qu'elle s'était confiée à lui. Bizarrement, ça lui faisait mal d'imaginer qu'il ait pu se leurrer de cette façon. Son égo ? Évidemment, son égo.

Angel demeura muet pendant un instant - il marchait décidément au ralenti ces temps-ci - alors qu'il se laissait submerger par une sorte de terreur tout en gardant son regard voilé d'impassibilité plongé dans celui de Jenny. Que devait-il faire maintenant ? Elle attendait de lui qu'il fasse un geste, n'importe quoi, qu'il s'excuse, qu'il s'explique, qu'il l'embrasse peut-être ... Il en avait très envie lui-même, de redécouvrir la soie de ses lèvres et l'essence ensorcelante de son parfum, mais il ne parvenait pas à bouger. Peut-être pour la première fois de sa vie, il avait envie d'une femme et n'osait pas tendre la main vers elle. Il devenait cinglé. Ça aurait pu être tellement simple pourtant : il lui aurait suffi de demander pardon, de lui dire et lui promettre tout ce qu'elle pouvait bien avoir envie d'entendre, de se montrer tendre et elle l'aurait sûrement suivi n'importe où (du moins c'est ce qu'il se disait). Il aurait sans doute agi comme ça avec n'importe qui d'autre, mais avec elle il ne pouvait pas. Il avait déjà promis les astres à d'autres amantes, il avait déjà dit "je t'aime" un nombre incalculable de fois - pour obtenir ce qu'il voulait, pour flatter, pour s'amuser, parfois même sans y penser. Où était alors la nuance qui l'empêchait de faire de même ici ? Sans être philosophe, la notion de vérité aurait pu lui effleurer l'esprit ... Car il avait beau savoir mentir, il ne savait pas dire la vérité en faisant semblant de mentir.

Alors il resta là, buté, blessé au plus profond de lui-même de ne "pas valoir mieux que ce que Jennifer pensait", ce qui ne devait pas être franchement très flatteur, et la seule chose dont il avait envie dans l'immédiat était d'une petite tonne de cocaïne à noyer dans cinquante litres d'alcool. Oublier. Fuir. Comme toujours.

« Faut vraiment toujours que tu te casses la tête ... Ouais bah je vaux rien, si tu le dis, qu'est-ce que tu veux ? C'est pas moi qui me voile la face ici, c'est toi qui sais pas ce que tu dis et ce dont t'as envie ! »
Un autre ricanement, forcément, histoire de rendre ce petit étalage de douloureux mensonges plus crédible.

« Si t'as envie de t'envoyer en l'air pour te décoincer un peu, et t'en as besoin, tu sais où me trouver ... Mais comptes pas sur moi pour résoudre tes problèmes existentiels ! »
Et c'est sur la rudesse de ces mots qu'il la laissa s'éloigner avant de tourner le dos à son tour, regrettant dés l'instant où il les dit toutes leurs implications, et tellement bouleversé qu'il en oublia de regretter de n'avoir pas couché avec elle aujourd'hui - même si au fond de lui l'obsession qu'il commençait à développer pour la douloureuse vision du visage froid de Jennifer avant qu'il ne disparaisse n'avait plus rien de sexuel.